Accompagnés de leurs parrains et marraines
respectifs, les futurs parrainés franchissent le
seuil de la mairie étonnés mais ravis d’être si
formellement accueillis par des élus : l’un des
organisateurs de la cérémonie, Alain Cwiklinski
de l’association toulousaine Droit de Cité, fera
remarquer plus tard : « d’habitude, lorsque je les
accompagne dans une administration, c’est la
peur au ventre qu’ils s’y rendent » et, s’adressant
à Mariama Oularé, l’une des parrainées habitante
de Ramonville, étudiante en biologie d’origine
guinéenne : « ici, c’est ta mairie, une maison
de la démocratie ».
Le temps que chacun s’installe sur les notes de la
chanson de la toulousaine Juliette, Un aller sans
retour, et le maire ouvre la cérémonie du « baptême
républicain » en rappelant ses fondements
historiques qui « remontent aux premières
heures de la République » mais aussi la nécessité
d’alors de construire « une symbolique forte qui
soude la France ». Et de désigner pèle-mêle les
symboles républicains dans la salle du conseil en
citant Rémy Pech, un historien local : « Il ne peut
y avoir de liberté si l’on ne construit pas simultanément
l’égalité et bien sûr si l’on néglige de
pratiquer la fraternité ».
Une fraternité concrète qui prend la forme ce
jour-là d’un «certificat symbolique d’entrée
dans la République » remit par Christophe Lubac
qui, lui, remercie parrains et marraines de
« l’engagement qu’ils prennent
publiquement devant nous »
pour accompagner leurs filleuls
« sur le chemin républicain ».
Un chemin difficile
vers l’espoir
Un chemin qui a commencé
dans la douleur pour ces
hommes et ces femmes issus
de 9 pays qui ne brillent pas
pour leur contribution aux
droits de l’Homme. Souvent jeunes et remplis
d’espoirs, ils ont écouté extrêmement émus
leurs courtes biographies - à la fois effrayante et
impressionnante - lues par Cathy Kondé, la présidente
de Droit de Cité.
Beaucoup de femmes contraintes de s’exiler
après avoir tenté de lutter contre l’injustice et
l’oppression qu’elles ont subies. « Aujourd’hui est
un jour inoubliable pour moi », déclare Zeinab
Diallo, de Guinée, enceinte et accompagnée de
son mari et de sa petite fille Andréa. Des adolescents
aussi, comme Issa Sidibé, lycéen à Gabriel
Péri, torturé et emprisonné en Somalie : « c’est la
première fois que je vois un maire à côté de moi :
c’est immense ce que je ressens. » ; ou comme
Chris Nsimba Kutila, du Congo, qui s’est battu
pour être scolarisé aux 3 Cocus et prépare un
CAP électricité.
Côté parrains et marraines,
l’émotion est la même. Particulièrement
pour René De Froment,
retraité, qui accompagne
Annie Ohanjanyan, une jeune
étudiante arménienne. « Elle vit
avec nous depuis 2 ans. Mais
l’année dernière, ma femme,
qui était très attentive à la situation
des migrants, est décédée.
» « Après la douleur d’avoir
quitté ma famille, j’en ai retrouvé
une nouvelle ici. Thérèse était ma seconde
mère… Je la garde à jamais dans mon cœur »,
explique Annie.
Pour Danièle Delbreil, psychologue à Muret, il
s’agit d’accompagner « modestement » Mariama,
sa jeune filleule issue d’un pays où l’excision
et les mariages forcés sont légion, « dans sa vie de
femme et de citoyenne », « dans sa confrontation
avec un autre mode de vie » avec mes valeurs qui
sont notamment « celles du féminisme ».
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